Pierre Desvergnes : lorsqu’un ami s’en va

Inhumé aujourd’hui, Pierre Desvergnes nous a quittés le 10 janvier dernier…

par Jean-Paul Roux

Ancien SG de la FEN puis de l’UNSA éducation

« Lorsqu’un ami s’en va, l’étreinte première de la tristesse surmontée, vient le moment de mesurer le temps parcouru…Et de comprendre pourquoi ce deuil est aujourd’hui partagé par l’ensemble de « L’Économie sociale partenaires de L’École de la République » (ESPER) qui nous rassemble au sein de l’Éducation nationale.

Pierre Desvergnes fut le Président de la CASDEN de juillet 2002 à Juin 2018 après s’y être engagé dès 1990. Mais cet engagement, ou plutôt ce corps de Valeurs et de Convictions qui en sont la source, Pierre les avaient d’abord nourries et investies en notre syndicalisme, dans la filiation naturelle de son père Jean Desvergnes. Il avait ainsi, dès son adolescence, été le spectateur et le témoin des assemblées syndicales où Jean officiait, pour ensuite, tout naturellement, en devenir un acteur connu et surtout reconnu de tous.

J’avais gardé en mémoire cet adolescent, auditeur attentif des congrès, où je faisais mes premiers pas… Ce fut sans surprise que je retrouvais ce jeune attaché engagé dans l’académie de Créteil où il exerçait. La camaraderie fut immédiate…L’amitié nous fut donnée de surcroit…

Je fus ainsi témoin de cette montée en charge progressive de ses responsabilités. Secrétaire académique puis membre du secrétariat national du SNIEN. Et déjà acteur de l’élan qui rassemblera le SNAU et le SNIEN en 1993 pour faire naitre A et I dans le FEN donc dans l’UNSA éducation d’aujourd’hui. Nombreux alors attendaient sa candidature à la responsabilité suprême…

Mais son intérêt pour l’économie sociale, nourri une fois encore par sa filiation, et aussi ses compétences dans ce domaine le portaient déjà vers la CASDEN. Il s’y investit dès 1990 pour en prendre la présidence, succédant à Christian Hébrard, lors de la convention de juillet 2002. C’est en juin 2018, qu’à son tour, il passera le relais à Claude Jechoux.

Le poids de ces responsabilités laissera intacte sa fidélité à son organisation syndicale. Il sera attentif à ses évolutions en particulier lors de la création puis de l’émergence de l’UNSA.

Pour Pierre, la présidence de la CASDEN fut un engagement total ! Fidèle en cela à ses prédécesseurs, il veillera à ce que les orientations et les choix de cette « banque pas comme les autres » restent fidèles aux exigences qui animaient les militantes et les militants qui l’avaient créé en 1951. Et d’abord la première, celle de la Solidarité entre les collègues sociétaires qui adhéraient par centaines de milliers ! L’épargne des uns autorisait alors les prêts pour d’autres à des conditions incomparables à celles qu’imposent ailleurs la seule préoccupation du marché, le profit !

Pour cela, au cours de ces 16 années de mandat, il lui fallut tenir ferme la barre alors que la tempête financière ébranlait le système bancaire français, sans céder ni à la facilité ni à la démagogie.

C’est dans ces moments qu’émergeaient alors intactes les Valeurs qui avaient conduit autrefois le jeune attaché de l’académie de Créteil à venir enrichir nos rangs de son engagement et de son exigence. Responsabilité et Humanisme comme boussole d’une vie militante qui nous manque déjà !

Quant à ses qualités humaines, les amies et les amis qui le pleurent aujourd’hui les garderont précieusement en mémoire. Elles n’appartiennent qu’à eux…«