Nier la culture de l’autre conduit au conflit

La culture est un enjeu politique. En temps de guerre c’est également un enjeu stratégique.

Pas un conflit qui ne conduise à des pillages et à des destructions d’œuvre d’art. Pas un non plus qui ne suscite l’émergence de créations (visuelles, sonores) marquant la résistance.

La guerre en Ukraine ne fait pas exception.

Pour l’UNESCO, 248 monuments endommagés ont été recensés dans tout le pays et les destructions culturelles se chiffrent à 2,4 milliards d’euros. De très nombreuses richesses du patrimoine ukrainien ont également été pillées. C’est donc un plan de près de 6 milliards et demi d’euros sur 10 ans que l’agence internationale souhaite mettre en place avec une première phase (2023-2026) pour le recensement, la restauration et la protection d’un tiers des biens culturels.

Faire revivre la culture et relancer un secteur en souffrance, pour Chiara Dezzi Bardeschi représentante de l’Unesco en Ukraine, « montre que la culture est essentielle. Et surtout dans un moment comme celui-là. Et ça prépare la reconstruction ».

Evidemment, au-delà de la préservation d’un patrimoine artistique, il y a une question identitaire liée à la culture ukrainienne : elle est « un des piliers de l’affirmation nationale de ce pays » et c’est pourquoi elle « est au cœur de la cible russe », comme le précise Camille Magnard, journaliste de France Culture.

Dès le 21 janvier 2022, Vladimir Poutine a prononcé un discours niant « l’existence d’une nation et d’une spécificité culturelle ukrainienne » ; culture ukrainienne qui existe pourtant, « avec ses grands penseurs, ses écrivains, ses peintres, son folklore musical ou ses grands compositeurs ».

Si les artistes s’interrogent sur leur utilité dans le conflit, beaucoup ont compris que « le pays a aussi besoin de la culture pour arriver à comprendre et à faire face à ce qui lui arrive » et qu’à travers l’art, ils permettent au peuple de se rassembler, de s’organiser aussi et qu’il leur faut continuer à lutter par la culture.

Les apports de la communauté internationale sont certes une marque de solidarité. Ils sont aussi le signe de l’affirmation d’une identité ukrainienne à respecter. Car si la culture est un trait d’union qui rapproche et humanise, elle est aussi une marque de reconnaissance des singularités. C’est dans cet équilibre entre diversité et universalisme que peut se construire une fraternité culturelle, l’imposition d’une culture dominante ou la négation de la culture de l’autre ne peuvent mener qu’au conflit : s’il en était nécessaire, la guerre en Ukraine est une nouvelle démonstration.

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https://www.radiofrance.fr/franceculture/guerre-en-ukraine-2-4-milliards-d-euros-de-destructions-culturelles-selon-l-unesco-5073939

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