Scolarité, formation, santé, insertion professionnelle, précarité, émigration… autant de thématiques qui concernent au premier chef les jeunes des territoires ultramarins. Si les travaux les concernant existent et se développent depuis les années 1960, force est de constater qu’ils sont encore trop peu nombreux et particulièrement peu développés de la part des institutions et organismes de recherche situés justement dans ces territoires.
Il faut donc saluer le dossier que la revue Agora débats/jeunesses consacre aux jeunesses d’Outre-mer et dont l’objectif est « de proposer un premier point sur un objet faiblement constitué dans des espaces finalement assez peu structurés au sein de la recherche française ». Si « ce recueil d’articles ne prétend nullement épuiser la question et reste de ce fait incomplet », il a le mérite d’exister et de donner à voir de nombreuses pistes de travaux de recherche qui devraient être poursuivies dans les années futures.
Particulièrement sensibilisé aux enjeux, aux besoins et aux réalités des territoires ultramarins, le Centre Henri Aigueperse leur a déjà consacré plusieurs études et compte bien poursuivre dans cette voie. C’est aussi l’occasion de saluer la récente thèse d’Alexandra Vié sur la scolarisation des enfants de l’or sur le territoire de Maripasoula en Guyane sur laquelle nous aurons l’occasion de revenir dans un prochain article.
Avant de renvoyer à la lecture des articles d’Agora, il faut rappeler avec les coordinateurs (*) du dossier que « la jeunesse est plurielle, les Outre-mer le sont tout autant ». S’il est commode de parler de « jeunes » et d’ « Outre-mer », il s’agit de ne « pas laisser penser que les questions se posant aux jeunesses de ces territoires sont identiques ; elles ne sauraient faire l’objet d’un traitement généralisant ». Certains points sont certes communs, mais les réalités des territoires sont différentes tant sur le plan géographique (« superficie, insularité ou non, éloignement par rapport à l’Hexagone, éclatement spatial »), démographique (« entre territoires ayant achevé leur transition démographique et ceux pour qui elle est encore en cours, fécondité, migrations, vieillissement des populations »), qu’historique (« intégration plus ou moins récente à l’ensemble national »), économique, culturelle ou encore sociale et politique.
La polysémie de la catégorie « Outre-mer » s’impose donc et doit être prise en considération. Si elle ne peut servir à « exploiter politiquement des « spécificités locales » », la nier reviendrait à induire, dans la suite d’une approche coloniale, « tout à la fois une vision globalisante de réalités pourtant hétérogènes et une altérité de ces territoires vis-à-vis de la France hexagonale ». Eviter toute « indécences » impose donc de trouver la bonne distance critique et déontologique pour étudier les réalités des situations des jeunesses dans les Outre-mer.
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(*) Michel Tondellier et Arnaud Régnier-Loilier. « Introduction. Jeunesses ultramarines : d’un enjeu politique à un élan de recherche inédit ? », Agora débats/jeunesses, vol. 94, no. 2, 2023, pp. 26-40.
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