Éducation prioritaire : un bilan mitigé pour les parlementaires

Initiée en 1981 par Alain Savary afin de « corriger l’inégalité par le renforcement sélectif de l’action éducative dans les zones et dans les milieux sociaux où le taux d’échec scolaire est le plus élevé », l’éducation prioritaire est l’objet d’une mission d’information parlementaire visant à en dresser un panorama et un bilan.

Le premier rapport de cette mission, publié en juillet 2023, dresse un historique des évolutions de cette politique éducative au cours de plus de quarante année d’existence avant d’en proposer « un état des lieux mitigé » et des préconisations.

Paradoxalement c’est en 52e et dernière position qu’il est proposé de « revoir la carte scolaire à la lumière d’indicateurs sociaux, dans l’objectif de renforcer la mixité scolaire et sociale », alors que la ségrégation sociale est certainement la première des causes qui génère le besoin d’une lutte accrue contre les inégalités et les échecs scolaires.

Comme le montre le tableau ci-dessus, la part des élèves en éducation prioritaire se situe à environ un cinquième des effectifs, de manière stable à 21% en collège et en progression constante en primaire.

Les études de la Depp montrent « que parmi les élèves scolarisés à la rentrée 2020 dans une école publique appartenant à un réseau d’éducation prioritaire (REP ou REP +), 6,7 % sont en retard d’un an en sixième, contre 3,7 % des élèves issus d’une école publique en dehors de ces réseaux. Ce sont dans les départements et les régions d’outre-mer que ces taux sont les plus élevés : 6,7 % en Guadeloupe, 7,2 % à Mayotte et 9,2 % en Guyane ». Ce constat confirme également « que l’origine sociale des élèves contribue fortement à ces écarts : 58 % des sixièmes dont l’école relevait du réseau de l’éducation prioritaire sont issus d’un milieu social défavorisé, contre 31 % de ceux issus d’une école publique hors réseau ».

Si la diminution des effectifs par classes apparait comme une solution à privilégier dans la logique du dédoublement des classes de CP, la rapporteure de la mission d’information parlementaire estime que celle-ci, ne pourra atteindre ses objectifs en éducation prioritaire « sans être accompagnée d’une attention accrue à la pertinence des méthodes, des postures pédagogiques et des modes d’évaluation ».

Or le bilan fait apparaitre que les résultats atteint en éducation prioritaire, malgré l’investissement des personnels, demeurent insatisfaisants et en-deçà des objectifs visés. En effet, « les écarts de performances entre les élèves scolarisés dans le secteur public hors éducation prioritaire et ceux scolarisés en éducation prioritaire se réduisent mais l’objectif des 100 % de réussite est loin d’être atteint ». Au-delà d’un trop faible apport en formation, la démultiplication des dispositifs et le manque d’articulation entre eux sont pointés comme des difficultés fragilisant la démarche. Le rapport invite à repenser lies rythmes et les temps scolaires afin de mieux les faire correspondre aux plages favorables aux apprentissages des enfants et de leur concentration. Il préconise également de « favoriser et démultiplier l’offre des vacances apprenantes », pour les « élèves volontaires » tout en proposant une réduction du temps de vacances pour les élèves en difficultés scolaires. De même, concernant la petite enfance, la mission privilégie la scolarisation dès deux ans en éducation prioritaire. Ces mesures font partie de celles annoncées par la président Macron il y a quelques jours dans son interview au Point.

Les constats d’une trop faible prise en compte des enfants allophones, de ceux en situation de handicap, des situations particulièrement dégradées à Mayotte et en Guyane et de la faiblesse de la médecine scolaire sont valables pour l’ensemble du système scolaire, bien que, comme le constate le rapport, leurs incidences soient encore plus négatives dans l’éducation prioritaire.

En conclusion, convaincus que « l’éducation prioritaire ne peut être réduite à une politique de carte et de moyens », mais doit être une politique globale permettant conduisant à la réussite scolaire, les membres de la mission parlementaire proposent de substituer progressivement aux REP « une allocation progressive des moyens reposant sur un barème dont les indicateurs détermineraient le niveau des moyens alloués », tout en maintenant les moyens et la structuration actuelle des REP+.

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Pour lire le rapport de la mission d’information :


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