La Suède tourne la page du « tout écran » et revient au livre scolaire

L’annonce a été faite au printemps dernier. Elle fait suite à la publication des résultats de l’évaluation internationale PIRLS qui a montré une baisse des élèves suédois en lecture et compréhension de l’écrit entre 2016 et 2021. La ministre responsable des écoles, Lotta Edholm, y a vu – entre autres – un effet de la politique du « tout écran » instauré dans l’enseignement suédois depuis 2017.

Si la presse française se fait l’écho de cette information avec retard, il est nécessaire de la recontextualiser pour bien en comprendre les enjeux.

En 2017, la Suède a fait le choix de réduire de manière importante les manuels scolaires au bénéfice de tablettes et d’ordinateurs, essentiellement dans l’enseignement secondaire, mais parfois également dès le primaire. Cela a conduit à une quasi disparition du papier dans de nombreuses classes.

Depuis, à plusieurs reprises, Lotta Edholm, libérale, membre du gouvernement conservateur, coalition de droite et d’extrême droite arrivée au pouvoir en Suède en octobre 2022, a déjà émis plusieurs fois des réserves sur cette stratégie, décidé par la précédente majorité sociale-démocrate, la jugeant excessive.

Avec une moyenne de 544 points à l’évaluation PIRLS en 2021, les résultats des élèves suédois affichent certes une baisse de 12 points par rapport à 2016, mais ceux-ci demeurent au 11 rang des pays de l’OCDE participants et en troisième place des pays européens (là où la France n’est que 17e avec une moyenne de 514 soit 13 points de moins que la moyenne européenne de 527 points). Il faut également rappeler que cette évaluation réalisée tous les 5 ans concerne les élèves du niveau équivalent au CM1, donc pas les élèves les plus touchés par le « tout écran » et que le passage des tests en 2021 doivent être interprétés à l’aune de la pandémie de Covid qui a eu un impact sur les conditions d’enseignement durant deux années au moins.

Enfin, il est indispensable de préciser que la déclaration de la ministre suédoise en charge des écoles : « Il faut plus de livres et moins de temps d’écran dans nos écoles », n’acte pas la fin des enseignements du numérique. « Si on n’apprend pas justement à mieux utiliser le téléphone portable ou les écrans, je pense qu’on manque une belle occasion à l’école d’enseigner et de développer ce sens des responsabilités » affirme Philippe Longchamps, professeur d’histoire, québécois installé et enseignant en Suède depuis une vingtaine d’année et témoignant sur Radio canada*.

Un juste équilibre à trouver, en dehors de toutes finalités politiciennes ou idéologies, afin de mettre les outils numériques à la bonne place dans l’enseignement scolaire : il se pose dans tous les pays.

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* https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2006715/livres-ecrans-suede-numerique-education

Illustration : France 2 – C.Carnino – France Télévisions


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