L’OCDE vient de publier son rapport annuel sur l’éducation. La partie consacrée à la France contient de nombreuses indications qui mériteraient d’être prises en compte dans la construction de la politique scolaire du gouvernement.
Augmenter le nombre d’heure de cours consacrées aux fondamentaux ?
Ainsi, au mantra du « toujours plus d’enseignement des fondamentaux » prôné par le Président de la République et son ministre de l’Éducation nationale, les données de l’édition 2023 de Regards sur l’Éducation apporte l’éclairage suivant :
« La France consacre 59 % du temps scolaire dans l’enseignement élémentaire à la compréhension de l’écrit (lecture, expression écrite et littérature) et aux mathématiques, soit la proportion la plus élevée de tous les pays de l’OCDE. Plus précisément, 38 % est consacré à la lecture, à l’écriture et à la littérature, et 21 % aux mathématiques (contre respectivement 25 % et 16 % pour la moyenne de l’OCDE) ».
Ainsi près de 20% du temps scolaire est consacré de manière supplémentaire en France par rapport aux autres pays à la lecture, l’écriture, les mathématiques. Or les résultats des élèves français ne sont pas (les) meilleurs. A cette surenchère d’heures de cours, il est vraisemblable qu’il serait nécessaire de substituer d’autres approches, tant sur la dimension pédagogique de ces contenus que sur le rapport des élèves français aux apprentissages.
Trop longues vacances d’été ?
Là encore, aux propos du chef de l’État sur une durée des « grandes vacances » trop longue et s’étant allongée ces dernières années, le rapport de l’OCDE rend compte que les « vacances d’été séparant deux années scolaires successives sont plus courtes en France, où elles ne durent que 8 semaines, par comparaison avec la moyenne des autres pays de l’OCDE, où elles durent 9 semaines en moyenne ». En revanche, il indique qu’avec 16 semaines de vacances en moyenne par an, les élèves français bénéficient de 3 semaines de vacances intermédiaires supplémentaires par rapport à la moyenne des pays de l’OCDE, qui est de 13 semaines.
Cette donnée est à mettre en regard avec le nombre d’heures de classe, puisqu’avec 8 192 heures d’enseignement réparties également sur neuf années d’études, la France dépasse largement la moyenne des pays de l’OCDE qui est en moyenne de 7 634 heures, réparties également sur neuf années d’études.
En France donc, les élèves continuent à avoir davantage d’heures d’enseignement réparties sur moins de temps.
Consacrer plus de moyens à l’Éducation ?
Même si avec une dépense éducative équivalent à 5,5 % de son produit intérieur brut (PIB), la France consacre 0,4 point de pourcentage de plus de son budget à l’éducation que la moyenne de l’OCDE, cet investissement est en baisse. Le constat de l’OCDE est clair : « En moyenne, dans l’OCDE, les dépenses par élève/étudiant consacrées aux établissements entre l’enseignement élémentaire et supérieur ont augmenté de 0,4 % entre 2019 et 2020 (dernière période pour laquelle des données sont disponibles). En France, elles ont diminué de 2,9 %. Cette évolution des dépenses par élève/étudiant résulte d’une diminution des dépenses totales des établissements d’enseignement de 2,2 % et d’une augmentation du nombre total d’élèves/étudiants en équivalent temps plein de 0,7% ».
Ainsi donc, il s’agit en France de faire plus avec moins : accueillir davantage d’élèves et d’étudiant.es avec des budgets en diminution.
Le poids des déterminismes sociaux ?
Une nouvelle fois, le rapport de l’OCDE met en évidence les inégalités sociales dans l’orientation scolaire. Le rapport l’éclaire pour la filière d’enseignement professionnel, en affirmant que « des problèmes d’équité subsistent dans les filières professionnelles du deuxième cycle du secondaire ». Ainsi, en France, « les élèves dont les parents n’ont pas atteint le secondaire supérieur représentent 26 % des élèves inscrits dans des programmes professionnels en 2017, alors qu’ils ne représentent que 10 % de ceux inscrits dans des programmes généraux du deuxième cycle du secondaire », inversement, « les élèves ayant au moins un parent diplômé de l’enseignement supérieur représentent 49 % de ceux inscrits au sein d’un programme général en 2017, mais seulement 13 % de ceux suivant un programme professionnel du deuxième cycle du secondaire ».
Une donnée indispensable à prendre en compte pour (mieux) penser une évolution de l’orientation et l’avenir de la voie professionnelle.
Des personnels sous-payés ?
Bien qu’entre 2015 et 2022, « les salaires statutaires des enseignants du deuxième cycle de l’enseignement secondaire (avec la qualification la plus répandue, à savoir un CAPES pour la France, et 15 ans d’expérience) ont augmenté de 2 % en France alors qu’ils baissaient « en termes réels dans près de la moitié des pays de l’OCDE pour lesquels des données sont disponibles », « la progression salariale des enseignants français en début de carrière est lente ». Aussi, en France « à la rentrée 2021/2022, le salaire statutaire des enseignants de l’élémentaire (professeurs des écoles) et du secondaire (certifiés) après dix ou quinze ans d’ancienneté est au moins 15 % inférieur à la moyenne des pays de l’OCDE ».
Ce déficit touche particulièrement les enseignant.es en milieu de carrière.
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Pour en savoir plus :
Regards sur l’Éducation 2023 :
En savoir plus sur Centre de Recherche de Formation et d'Histoire sociale - Centre Henri Aigueperse - Unsa Education
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