Le CESE (conseil économique social et environnemental) vient de rendre public son rapport annuel sur l’état de la France (RAEF) en 2023 sous le titre « Inégalités, pouvoir d’achat, éco-anxiété : agir sans attendre pour une transition juste ». S’appuyant sur le ressenti de la population au travers d’une enquête, des expertises de terrain, et des données issues des nouveaux indicateurs de richesse, le RAEF pose un diagnostic sur l’état de la société et ses préoccupations et dessine des pistes d’actions.
Les trois sujets au cœur des préoccupations des Français, dans une actualité sociale tendue, les inégalités, le pouvoir d’achat et l’éco-anxiété, ont ainsi été retenus. Si tous trois concernent le champ éducatif, un focus est particulièrement fait sur la mixité sociale et scolaire, avec une fois de plus le même constat : un recul.
Ce recul est d’autant plus grave que, depuis une dizaine d’années, les textes successifs (loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République de 2013, loi du 24 août 2022 confortant les principes de la République) et les déclarations ministérielles ne cessent de rappeler la nécessité de mettre en œuvre une « mixité sociale des publics scolarisés au sein des établissements d’enseignement ».
Bien que les études scientifiques et les évaluations internationales, en particulier PISA, ont largement montré que l’École française fait partie des systèmes éducatifs où l’origine sociale pèse le plus sur la trajectoire scolaire des élèves, il aura fallu longtemps avant que la prise de conscience devienne effective chez les responsables des politiques éducatives françaises. La publication (forcée) des indices de position sociale (IPS) et les études qui en découlent (en particulier par la DEPP) confirment à la fois les fortes disparités entre établissements, au sein des établissements, par filière et niveau d’enseignement, et l’existence d’une ségrégation scolaire.
Si celle-ci tend à lentement diminuer entre les collèges publics force est de constater que « les écarts de composition entre les secteurs public et privé sont croissants. Le secteur privé scolarisant de plus en plus d’élèves de milieu favorisé ».
Or, déplore le rapport : « les inégalités sociales et scolaires créent de la fracture sociale, affaiblissent le potentiel économique du pays et représentent un risque pour la cohésion sociale des territoires et de la nation ». En revanche, alors que la recherche et les expérimentations ont désormais démontré des corrélations fortes avec les performances et le bien-être des élèves, « une plus grande mixité sociale produit des effets positifs pour les élèves issus des milieux défavorisés comme pour ceux des milieux favorisés. Les comparaisons internationales montrent que les pays qui ont une meilleure performance scolaire sont aussi ceux où il existe de la mixité sociale ».
La rapport insiste donc sur l’« urgence à mettre en œuvre une réelle politique en faveur de la mixité sociale », devant être portée au niveau national comme au niveau local avec l’ensemble des acteurs concernés (directions académiques, chefs d’établissements, les équipes pédagogiques, collectivités locales…). L’ambition politique doit s’inscrire dans « une cohérence globale avec les autres politiques publiques et notamment les politiques de la ville, de la lutte contre la grande pauvreté, de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire, de la mobilité, […] ».
Comme l’évolution vers une plus grande mixité sociale et scolaire nécessitera du temps, le CESE incite les responsables à agir vite et à maintenir leurs actions dans la durée.
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Pour consulter le rapport du CESE : 2023_24_RAEF_V2.pdf (lecese.fr)
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