Apprentissage : ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain

Voilà plusieurs années que les dirigeants voyait dans l’apprentissage le salut de la réussite éducative. Paradoxalement, aujourd’hui se multiplient les attaques contre ce dispositif de formation. Un rapport de l’inspection générale des finances interroge le financement des CFA (1er septembre 2023). Une question qui se retrouve également dans la contribution à la revue des dépenses publiques de la Cour des Comptes de juillet 2023. Déjà en début d’année 2023, une enquête publiée par Les échos indiquait que « l’apprentissage a battu en 2022 un nouveau record, grâce à une croissance continue dans l’enseignement supérieur. Mais la qualité des formations et les contrôles exercés sont parfois défaillants, en particulier sur les formations en gestion ». Des critiques qui font dire à Antoine Amiel, fondateur de Learn Assembly, pour la Fondation Jean Jaurès, « qu’il devient difficile de discerner ce qui relève des intérêts corporatistes et des jeux d’acteurs de ce qui constitue une critique fondée économiquement et socialement ». Il propose dans un texte documenté un état des lieux d’un système qui considère comme « une avancée sociale et éducative majeure ».

Il s’agit pour l’auteur à la fois de mettre en évidence les réussites incontestables, « n’en déplaise à ses critiques » de l’apprentissage, tout en reconnaissant « certains dysfonctionnements évidents ». La difficulté vient en partie de la grande diversité des CFA, passés de 500 en 2017-18 à 3000 aujourd’hui, dont « 50% sont des sociétés privées, appartenant pour certaines à des mastodontes de l’enseignement supérieur privé. […] Un tiers des CFA ont comme ministère de tutelle le ministère de l’Éducation nationale ou de l’Enseignement supérieur, 15% celui de l’Agriculture. Ainsi les CFA sont de statuts, de taille, de situations économiques très divers. Leur financement est également complexe.

La progression de 321 000 apprentis en 2019 à 837 000 en 2023 conduit à une augmentation des budgets d’aides publiques qui n’a pas été envisagée ou anticipée. Au-delà du financement issu de la Contribution unique à la formation professionnelle et à l’alternance (CUFPA), « France Compétences et, à la marge, les régions, doivent compléter. Un reste à charge est également parfois demandé aux entreprises – voire aux parents, une pratique totalement illégale et dont les abus passés alimentent les opposants à l’apprentissage ».

Un autre sujet d’inquiétude relevée par l’Observatoire de l’alternance est le nombre des ruptures de contrats qui s’élève à 20 %. Un chiffre important touchant majoritairement les faibles niveaux de qualification. Plus d’un tiers des ruptures de contrat interviennent avant la fin de la période d’essai.

Qu’en déduire ?

L’auteur de la note précise que « l’apprentissage est un formidable levier de démocratisation de l’accès aux études par le travail ; victime de son succès, il se trouve aujourd’hui dans une impasse financière. Il serait de mauvaise foi de masquer les effets d’aubaine de la réforme de 2018, tout comme il serait de mauvaise foi de ne pas mentionner le fait que les entreprises sont les principales bénéficiaires de ces effets d’aubaine via les primes à l’embauche… »

Il propose des modifications dans les modes de financement, « la transparence sur l’insertion, les taux de rupture et le salaire à la sortie, […, la massification] des audits pédagogiques sur le terrain et non sur la conformité à un process ».

Plus globalement, Antoine Amiel propose une « généralisation de l’alternance tout au long de la vie, pas seulement pour les jeunes ». Il y voit « comme conséquences positives de proposer un système pédagogique efficace, puissant, adaptable aux différentes mutations du monde du travail ». Cette formation « en alternance, avec des temps de formation sanctuarisés et un lien fort avec le monde du travail » pourrait apporter des réponses à «  la question de l’employabilité des seniors, des reconversions en milieu de carrière, de l’insertion des migrants non francophones, des jeunes décrocheurs ».

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Pour lire l’ensemble de la note : https://www.jean-jaures.org/publication/qui-veut-la-peau-de-lapprentissage/


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