Pour la démocratie, contre l’antisémitisme et les dogmatismes religieux

Edgardo, jeune garçon juif de 6 ans est enlevé à sa famille pour être converti de force au catholicisme. Tel est le sujet du film « l’enlèvement » de Marc Bellocchio, inspiré d’une histoire vraie s’étant déroulé en 1858 à Bologne.

Le contexte n’est certes pas neutre. Le pape était alors un monarque, les états pontificaux sous la coupe des inquisiteurs, l’Italie n’était pas encore unifiée. Le poids de l’église catholique était alors immense, même s’il tendait à se réduire.

Trois dimensions sont particulièrement d’actualité – toutes proportions gardées -dans cette fresque historique : l’intégrisme religieux, l’antisémitisme, la démocratie politique.

Certes, on sait les étapes dramatiques qui ont accompagné la construction de l’Italie démocratique, mais au-delà de la situation particulière de cet enfant enlevé, le film montre la révolte de toute une population que se soulève contre la tyrannie d’un pape-roi violent et omnipotent.

Mais la conversion imposée est aussi l’occasion de mettre en scène la haine des juifs, humiliés tout au long du film par une église et un pape remplis de cynisme et de morgue vis-à-vis de l’ensemble de la population juive.

Enfin, le lavage de cerveau et la manipulation éhontée que subie le petit Edgardo, mais dans une moindre mesure, également l’embrigadement dans la communauté juive, illustrent les ravages des intégrismes religieux, le poids des dogmes dans la haine de l’autre, la certitude de la supériorité d’une croyance sur une autre, la négation des différences jusqu’à leur annihilation.

Une histoire datée, mais qui parle à notre présent. Encore plus dans ces jours dramatiques et troublés où le sursaut démocratique doit à la fois s’élever contre l’antisémitisme et condamner les dérives des dogmatismes religieux, quels qu’ils soient.

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L’enlèvement, film de Marco Bellocchio, sorti le 1^er novembre 2023