« […] on ne peut se passer ni des chercheurs, ni des expériences de terrain, ni des comparaisons avec des pays étrangers. La pratique sans la théorie est aveugle ». La déclaration est de Gabriel Attal, ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse, le 21 novembre dernier, en ouverture de la conférence de comparaisons internationales organisée par le Cnesco, sur le « bien-être à l’école« . Une telle déclaration ne pourrait que réjouir, si les actes du même ministre correspondaient à l’ensemble des orientations qu’il veut donner au système éducatif français.
On renverra volontiers au blog de l’historien de l’éducation Claude Lelièvre pour suivre, non sans ironie, la liste rapidement évolutive des priorités du ministre Attal pour l’école. Le bien-être y apparaît comme la sixième en 4 mois : https://blogs.mediapart.fr/claude-lelievre/blog/231123/la-nouvelle-et-sixieme-priorite-d-attal-le-bonheur-l-ecole. Elle vient surtout après l’annonce d’une volonté de renforcer les apprentissages fondamentaux pour lesquels « lire, décoder, décrypter l’information » doivent compléter le « lire, écrire, compter et respecter autrui », après la piste des classes de niveaux dans le cadre de son « exigences des savoirs » et juste avant (certainement une septième priorité à venir) son désir de s’attaquer au « tabou du redoublement ».
Quand, en octobre 2017, le CNESCO demandait « l’école française propose-t-elle un cadre de vie favorable aux apprentissages et au bien-être des élèves ? », de nombreux travaux scientifiques montrait déjà le lien entre le bien-être et les résultats scolaires. Le nouveau rapport venait y ajouter les conditions de restauration et l’état du bâti scolaire. Deux sujets sur lesquels peu a depuis été fait (même si un rapport sénatorial a été remis en juin 2023 en traitant le bâti scolaire sous l’angle de la transition écologique).
Mais les études existent également sur les autres sujets.
Le CNESCO avec l’IFé écrivaient dans les recommandations rédigées par le jury de la conférence de consensus « Différenciation pédagogique : comment adapter l’enseignement pour la réussite de tous les élèves ? » en mars 2017 « Les classes hétérogènes sont à privilégier pour éviter des classes de niveau ou à option dont la recherche montre qu’elles augmentent les écarts de résultats entre élèves » (https://www.cnesco.fr/differenciation-pedagogique/recommandations/ ).
Les mêmes, dans une démarche similaire de conférence de consensus, ont dès 2015 interrogé les échecs du redoublement et réfléchi à des propositions alternatives (https://www.cnesco.fr/wp-content/uploads/2021/12/Dossier_synthese_redoublement_MAJ2022.pdf ).
Quant aux enseignements fondamentaux, faut-il rappeler une fois de plus que la France leur consacre le plus grand nombre d’heures de cours sans pour autant exceller dans les résultats des élèves dans ces matières scolaires.
Dans quelques jours, de nouveaux résultats des évaluations PISA seront rendu publiques. Et même si quelques voix s’élèveront (encore) pour remettre plus ou moins en cause la validité de ce dispositif, il risque fort de montrer, comme d’ailleurs c’est le cas pour les travaux de la DEPP, que les réformes Blanquer, soit disant appuyées sur des approches scientifiques n’ont pas vraiment porté leurs fruits et qu’il serait donc urgent de prendre la recherche au sérieux dans le domaine éducatif… Toute la recherche et pas seulement celle qui va dans le sens du ministre et de ses (nombreuses) priorités.
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