Éducation et formation : où en est la France par rapport au reste de l’UE ?

La DEPP (Direction de l’évaluation , de la prospective et de la performance) vient de publier une nouvelle note d’information sur « les objectifs de l’Union européenne en matière d’éducation et de formation pour 2030 » en se centrant sur l’exemple français. Anita Toader et Robert Rakocevic analysent la position de la France en ce qui concerne les objectifs fixés en 2021 par les pays membres de l’UE dans les domaines de l’éducation et de la formation. Certains objectifs sont acquis par notre pays, alors que d’autres sont encore loin d’être atteints.

Des objectifs à atteindre dans l’UE d’ici 2030

Dans le domaine de l’éducation et de la formation des jeunes, 6 objectifs ont été fixée en 2021 pour l’ensemble des pays membres de l’Union européenne. Ils concernent plusieurs aspects :

• L’accueil et l’ éducation des jeunes enfants à partir de 3 ans : l’objectif est l’accueil d’au moins 96% des enfants à partir de 3 ans.
• La sortie précoce de l’éducation : l’objectif à atteindre est de moins de 9 % de l’ensemble des personnes en âge de poursuivre des études.
• Le faible niveau de compétences de base : cela ne doit pas excéder 15 % du total ayant un faible niveau en lecture, mathématiques et sciences.
•  Le faible niveau en littératie numérique : moins de 15 %.
•  Les diplômés de l’enseignement supérieur : au moins 45 % pour les jeunes de 25 à 34 ans doivent avoir un diplôme du supérieur.
•  L’exposition des diplômés dans l’enseignement professionnel au monde du travail : au moins 60 % doivent être concernés.

La position de la France

Aucun de ces objectifs n’est atteint pour l’ensemble des pays de l’UE mais la France a déjà atteint pour plusieurs items le niveau requis. Cela concerne tout d’abord la scolarité des plus de 3 ans (alors que la moyenne européenne est pour le moment de 92,5 %). Ensuite 7,8 % des jeunes ont seulement tout au plus un diplôme de brevet et sont sortis du système scolaire et de formation. Enfin, 51,9 % des personnes de 25 à 34 ans ont un diplôme supérieur dans notre pays. Si sur ces aspects, la France est en avance par rapport à l’objectif de 2030, cela n’est pas le cas pour les compétences des élèves.

En ce qui concerne la question des compétences de base, la moyenne européenne des élèves à faible niveau est de 20 %, alors qu’en France, cela dépasse selon les disciplines ces chiffres : 24 % pour la culture scientifique, 27 % pour la compréhension de l’écrit et même 29 % pour les mathématiques. Quand on sait que l’objectif de l’UE est d’avoir un taux de moins de 15 %, on perçoit ici les difficultés du système éducatif français par rapport aux autres pays européens. Il en est de même en ce qui concerne la maîtrise de la littératie numérique puisque le chiffres des élèves faibles est de 44% en France (objectif de moins de 15%).

La note de la DEPP détaille ensuite chaque item en donnant davantage de précisions, en particulier au niveau des différences genrées. Ainsi, dans le domaine du supérieur, les femmes de 25 à 34 ans sont souvent plus diplômées que les hommes (55, 8 % contre 47,8 % en France). Mais un des paradoxes durables concerne les revenus de ces mêmes femmes qui sont inférieures à ceux des hommes, ce qui montre qu’il existe de nombreuses inégalités dans le domaine des salaires et de l’emploi, liés à l’orientation. On constate aussi une persistance du « plafond de verre » : moins de femmes à compétences égales ont accès à des postes à responsabilité.

Cette note d’information de la DEPP, qui est publiée chaque année afin de mesurer les évolutions, est très intéressante pour comparer la situation de la France par rapport aux autres pays de l’Union européenne. Elle aide en outre à saisir quels sont les atouts et les défaillances du système éducatif et de formation dans notre pays.

Pour aller plus loin :

Toader A., Rakocevic R., 2024, « Les objectifs de l’Union européenne en matière d’éducation et de formation pour 2030 : où en est la France en 2024 ? », Note d’Information, n° 24.18, DEPP.