La parole politique est un art, mais aussi une arme. Avec son spectacle intitulé L’Art de ne pas dire, Clément Viktorovitch, enseignant, politologue et chroniqueur, nous plonge dans les coulisses du pouvoir et dévoile comment la rhétorique est utilisée pour manipuler l’opinion. Entre euphémisation du réel, anticatastase du discours public et détournement du sens des mots, ce spectacle ne se contente pas d’instruire : il nous dévoile les mécanismes invisibles qui influencent nos perceptions et nos prises de position en démocratie.
Un seul-en-scène au cœur de la manipulation langagière
Dans ce spectacle, Viktorovitch endosse le rôle d’un conseiller en communication présidentielle. Évincé du pouvoir, il décide de révéler les stratégies linguistiques qui permettent d’influencer les masses. À travers une démonstration brillante, il nous éclaire sur les techniques de stylisation du discours, où chaque mot est soigneusement pesé pour atténuer la violence du message ou détourner l’attention des véritables enjeux.
Entre les éléments de langage conçus en focus group et la manière dont les dirigeants vident les mots de leur substance, L’Art de ne pas dire met en lumière une vérité glaçante : la communication politique moderne ne cherche plus à convaincre, mais à neutraliser le débat. C’est ce que Viktorovitch nomme l’anticatastase, une technique rhétorique qui consiste à transformer une situation négative en un avantage. Elle est omniprésente dans les discours justifiant les décisions du gouvernement : un échec devient un apprentissage, un scandale une opportunité de réforme, et une critique une preuve de succès.
Face à cette manipulation langagière, une question demeure : comment, en démocratie, maintenir un véritable débat lorsque le langage est détourné au profit du pouvoir ? Comment les citoyens et citoyennes peuvent-ils exercer leur esprit critique si chaque prise de parole politique les enferme dans un jeu de trompe-l’œil ?
Ce spectacle apporte des éléments de réponse, mais aussi une prise de conscience essentielle : il est temps de réapprendre à questionner le discours public et à cultiver le doute.

Un spectacle à la mise en scène soignée
La mise en scène, signée Ferdinand Barbet (également co-auteur), accompagne parfaitement ce récit où la rhétorique devient un art de la dissimulation. Le travail de scénographie et d’éclairage de Gautier Devoucoux permet d’accentuer la tension dramatique, tandis que la musique de Hugo Sempé souligne les moments-clés du spectacle.
Les critiques sont unanimes :
• Le Monde décrit une « démonstration limpide et éclairante sur la vacuité des éléments de langage ».
• Télérama va plus loin : « Un spectacle-conférence d’une intelligence rare, qui nous rappelle que les mots sont des instruments de pouvoir et qu’en les vidant de leur sens, ils mettent en péril la démocratie. »
Un rendez-vous à ne pas manquer
Clément Viktorovitch jouera au Théâtre Le 13ème Art à Paris du 13 janvier au 28 avril 2025 et partout en France. Un spectacle qui promet d’éveiller les esprits et d’aiguiser notre regard sur le langage politique.
Une occasion unique de comprendre comment les mots façonnent notre perception du monde… et pourquoi certains préfèrent l’euphémisation à la vérité crue, quitte à instaurer une anticatastase permanente, où chaque décision du gouvernement est présentée comme incontournable, et où le doute, au lieu d’être une force critique essentielle en démocratie, devient un levier de manipulation du discours public.
Pour plus de renseignements sur sa tournée : https://clemovitch.com/#tournee
En savoir plus sur Centre de Recherche de Formation et d'Histoire sociale - Centre Henri Aigueperse - Unsa Education
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