Responsables politiques, chercheurs, enseignants, parents, syndicats et même élèves peuvent se retrouver sur une même question : face aux évolutions du monde et à sa difficulté à faire réussir le plus grand nombre, comment réformer le système éducatif ?
Et c’est bien à cette interrogation du « comment ? » que semble vouloir donner des pistes de réponse le magazine BOOKS, qui consacre son dernier numéro (n°90 – juillet-août 2018) à des illustrations internationales au travers de présentations de livres, vocation de la revue oblige.
Mais, avant de se questionner sur les manière de changer, n’y a-t-il pas à se demander le but du changement ?
Les « bonnes pratiques » actuellement à la mode, ne sont souvent le reflet d’une volonté, d’un objectif, d’une mission que l’on assigne à l’École et à l’Éducation plus largement. Elles rendent compte d’une conception de la société et leurs résultats sont jugés, jaugés, évalués, à l’aune de celle-ci.
C’est cette question première -et essentielle- que pose, dans son éditorial Olivier Postel-Vinay, fondateur et directeur de la rédaction de Books :
« Quels objectifs se donne-t-on ? Si l’on observe les pratiques en Chine, en Allemagne, aux États-Unis, en Jordanie ou au Kenya, on se rend vite compte que les objectifs ne sont pas les mêmes. Faut-il privilégier l’acquisition par tous d’un certain niveau de connaissances dans des matières prédéfinies ? Faut-il favoriser la sélection en vue de l’accès à des universités qui se font concurrence ? Faut-il plutôt mettre l’accent sur les moyens d’assurer le bon fonctionnement de l’ascenseur social ? Faut-il viser en priorité un enseignement adapté à la société actuelle et à ses mutations prévisibles ? Faut-il préférer forger le caractère et l’apprentissage de l’autonomie en misant sur les spécificités de chaque enfant ? Faut-il embrigader, faut-il former à l’exercice de la liberté ? Il n’y a pas de « bonne pratique » en soi. »
Mais il ajoute : « à moins peut-être de renverser la perspective et de se dire que, indépendamment des objectifs à terme, l’essentiel est que l’école soit un lieu où tant les enseignants que les élèves sont motivés et prennent plaisir à ce qu’ils font. »
Une perspective que ne devrait oublier aucun « réformateur » de l’École, surtout en se souvenant que « le mot « école » vient du grec σχολή (skholè), qui voulait dire à l’origine « temps de loisir, temps de repos » ».
Votre commentaire