Il y a 60 ans à Bourges, Malraux et de Gaulle défendaient une certaine idée de la culture

Dans 5 ans, en 2028, Bourges sera peut-être capitale européenne de la culture, mais en ce 12 octobre, la Maison de la Culture de Bourges célèbre ses 60 ans. C’est en effet le 12 octobre 1963 qu’a eu lieu sa première inauguration. Comme on ne prête qu’aux riches, elle bénéficia d’une seconde en présence cette fois d’André Malraux, ministre des affaires culturelles, le 18 avril 1964 et (peut-être) une troisième en 1965 avec le Général de Gaulle, à moins que ces deux dernières ne se confondent (du fait de la diffusion le 14 mai 1965 à la télévision du discours du Général prononcé à cette occasion à Bourges)

Cette Maison de la Culture s’inscrit dans un projet de décentralisation et de démocratisation culturelles voulu par Malraux et soutenu par De Gaulle. Celui-ci le précise d’ailleurs :

« Je me félicite encore une fois d’être venu parmi vous. J’en emporterai, d’abord, au point de vue général, le sentiment d’une création et l’évidence d’une innovation, par conséquent quelque chose d’émouvant et d’encourageant au possible. Bien entendu, j’en retire aussi quelques conclusions pratiques sur ce qu’il y a lieu que l’État continue de faire pour la culture française en général, et pour ses maisons de la culture en particulier. Il faut en créer d’autres, un certain nombre étaient prévus par notre quatrième plan, d’autres le seront par notre cinquième. Il faut faire aussi sans doute un centre national de diffusion culturelle pour que tout ce dont nous disposons puisse se répandre et être vu, entendu, connu, par le plus grand nombre possible d’hommes et de femmes chez nous. Il faudra aussi un centre de formation de nos animateurs de plus en plus complet et de plus en plus efficace. A cela, je suis convaincu que le ministre d’État chargé des affaires culturelles est l’homme le plus qualifié pour le faire […] ».

Le projet est vaste. Pour Malraux, premier ministre en charge de la culture, il s’agit d’en implanter une maison par département, afin que « n’importe quel enfant de seize ans, si pauvre soit-il, puisse avoir un véritable contact avec son patrimoine national et avec la gloire de l’esprit de l’humanité » comme il déclare devant les députés le 17 novembre 1959. Elles se doivent donc d’être des lieux pluridisciplinaires de rencontre entre l’homme et l’art pour faire « naître une familiarité, un choc, une passion, une autre façon pour chacun d’envisager sa propre condition. Les œuvres de la culture étant, par essence, le bien de tous, et notre miroir, il importe que chacun y puisse mesurer sa richesse, et s’y contempler. » comme le précise Pierre Moinot traduisant ainsi la conviction de son ministre d’un « choc esthétique », d’une « rencontre intime » par la confrontation directe avec l’œuvre, sans « l’écueil et l’appauvrissement de la vulgarisation simplificatrice », c’est-à-dire en dehors de toute médiation.

André Malraux ouvre ses maisons de la culture comme des temples où pourra se rencontrer la Culture, « l’ensemble des réponses mystérieuses que peut se faire un homme lorsqu’il regarde dans une glace ce que sera son visage de mort ». « C’est pourquoi, encore une fois la culture domine tout. Elle est la condition sine qua non de notre civilisation d’aujourd’hui comme elle le fut des civilisations qui ont précédé celle-là » affirme De Gaulle à Bourges. Malraux, en échos ne dit pas autre chose lors d’une inauguration suivante, celle de la maison de la culture de Grenoble en 1966 lorsqu’il affirme « la culture est devenue l’autodéfense de la collectivité, a base de la création, et l’héritage de la noblesse du monde ».

La maison de la Culture de Bourges est la deuxième créée sous le ministère d’André Malraux après celle du Havre. Malgré les ambition du ministre des affaires culturelle seules sept verrons le jour durant dix ans de son ministère.


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