Henri Aigueperse et la création de la MGEN

Henri Aigueperse (1902-1989) n’est pas seulement celui qui a donné son nom à notre centre de recherche. Il a également œuvré pour la création de la MGEN, la Mutuelle Générale de l’Éducation nationale. Sa création se situe dans la période de la reconstruction de la France après la Seconde Guerre mondiale. Alors que l’on commémore les 80 ans de la Libération du territoire, il est utile de revenir sur cet événement historique.

À l’initiative de l’unification du mutualisme de l’éducation

Membre du bureau de la nouvelle équipe du Syndicat national des instituteurs en 1944-1945[1], Henri Aigueperse ( voir sa notice biographique https://maitron.fr/spip.php?article9744 ) est plus particulièrement intéressé par la question du mutualisme dans l’éducation : il est chargé au sein de l’organisation de se pencher sur les enjeux de la création de la sécurité sociale pour l’ensemble des professionnels de l’éducation. L’idée d’un grand plan permettant d’assurer à tous les citoyens les moyens d’existence est en effet prévu par le Conseil national de la Résistance en 1944. Un an plus tard, le 4 octobre 1945 est créée la Sécurité sociale : « Il est institué une Organisation de la Sécurité Sociale destinée à garantir les travailleurs et leurs familles contre les risques de toute nature susceptibles de réduire ou de supprimer leur capacité de gain, à couvrir les charges de maternité et les charges de famille qu’ils supportent. »[2]

Henri Aiguperse est chargé d’étudier alors l’ensemble des systèmes mutualistes qui existent dans le monde enseignant : plusieurs sont à périmètre départemental, d’autres sont à visée nationale mais sur quelques points précis. C’est le premier à émettre l’idée d’une unification du système. Placé à la tête du SNI en 1946, il est alors remplacé sur ce sujet par Marcel Rivière ( voir sa notice biographique https://maitron.fr/spip.php?article129115 ) qui présente un rapport visant à la création de la MGEN : cette nouvelle mutuelle unifiée devra gérer l’ensemble des prestations sociales dans ce champ professionnel, avec une adhésion obligatoire. À la fin 1946, le SNI et la FEN obtiennent que la MGEN assure la gestion de la sécurité sociale pour l’ensemble des professions de l’éducation. Henri Aigueperse use de toute son influence pour faire de cette nouvelle mutuelle une invention reconnue de toutes et tous.

La création officielle de la MGEN

PV de la première réunion de la MGEN, archives MGEN

Le 8 décembre 1946, 117 délégués syndicaux et mutualistes se réunissent au Musée social à Paris : le projet d’une mutuelle unique des enseignants est ratifié par la première assemblée générale constitutive de la MGEN. Cette naissance se situe donc dans le contexte de la Libération de la France après l’occupation nazie et le régime de Vichy. Militants syndicalistes et mutualistes de l’enseignement avaient alors un même but : doter la profession d’une protection sociale moderne, destinée à lutter contre l’injustice engendrée par les maladies ou par les inégalités financières liées aux évolutions de la vie. Une telle conception s’inscrit dans le droit fil du Conseil national de la Résistance et dans la volonté des nouvelles autorités de créer une Sécurité sociale destinée à faire disparaître la pauvreté dans le pays qui a besoin de se reconstruire au sortir de la guerre. Quelques mois après sa naissance officielle, la MGEN obtient la gestion du régime obligatoire des enseignants grâce à la loi du 28 mars 1947, qui accorde cette prérogative aux mutuelles des fonctionnaires. À partir de là, la MGEN devient la plus importante structure mutualiste en France, avec la constitution de structures médicales spécifiques, par exemple des établissements médicaux dédiés à certaines pathologies. Le souci de la démocratisation d’une médecine de pointe, le refus des inégalités sociales, le fonctionnement démocratique de ses institutions sont autant de principes que la mutuelle née en 1946 valorise jusqu’à nos jours.

La MGEN dispose également d’une double identité mutualiste et syndicaliste que l’on trouve dès ses origines. Dès sa naissance, elle a été administrée par des syndicalistes du SNI et de la FEN (Fédération de l’éducation nationale) qui ont un engagement commun en faveur de la solidarité et de la protection sociale, engagement qui se retrouve dans les actions des gouvernements d’après-guerre qui bâtissent la Sécurité sociale.

Rapidement, la MGEN a joué un rôle d’avant-garde dans certains domaines médicaux, comme la psychiatrie, ainsi que dans les combats pour l’accouchement sans douleur, le droit à l’avortement et le droit à la contraception. Cette inscription dans les évolutions sociales du pays se poursuit de nos jours, en dépit des menaces qui pèsent sur les logiques de solidarité et de protection sociale.

Pour aller plus loin :

Michel Dreyfus, Une Histoire d’être ensemble. La MGEN 1946-2006, éditions Jacob-Duvernet, 2006

Archives de la MGEN, 13200/31/12/2987 : documents relatifs à l’organisation et au démarrage de la MGEN (1939-1947) . La photographie d’illustration ( 2e AG de la MGEN en 1948 provient de ce fonds d’archives).


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