Sommet de la francophonie : à quoi cela sert ?

Le 19e sommet de la francophonie vient d’avoir lieu en France les 4 et 5 octobre. Ce rassemblement d’une centaine de pays a donné lieu à peu de comptes rendus dans les médias, ce qui peut paraître étonnant : l’usage de la langue française ne ferait-il plus recette ? Pourtant la thématique choisie, « Créer, innover, entreprendre en français », avait pour but d’insister sur les différents moyens de diffuser les idées, mais aussi les marchandises et le commerce par la langue française. Retour sur le bilan de ce sommet et sur la vitalité de notre langue dans un monde de plus en plus divisé.

La francophonie au service de la langue française

Tout d’abord, il faut rappeler que le français est actuellement parlé sur tous les continents par 320 millions de personnes francophones et 150 millions d’apprenant.es. Cela en fait une langue partout diffusée : ainsi, c’est la 3ème langue la plus utilisée dans les affaires (20 % des échanges économiques). On sait que le nombre de francophones va augmenter dans les prochaines années en raison de la démographie africaine. C’était un des buts de ce sommet : montrer que la langue française n’était pas seulement liée à un dynamisme culturel ou littéraire, mais que l’ensemble de la recherche et de l’économie pouvait également se reposer sur son usage de plus en plus partagé. Face à la suprématie linguistique anglaise, le français montre un dynamisme que la francophonie illustre.

Le premier jour de ce sommet a eu lieu à Villers-Cotterêts, haut lieu de la langue française, puisque c’est là que fut ordonné un texte de 1539 privilégiant l’usage du français sur l’ensemble du territoire. Aujourd’hui, on peut y trouver la Cité internationale de la langue française, inaugurée en 2023. Lieu encore méconnu, il est entièrement dédié au français et aux cultures francophones et offre de nombreuses activités en lien avec le dynamisme de notre langue.

« Le français va très bien, merci »

Ce dynamisme de la langue française est au cœur du récent petit ouvrage rédigé par les « Linguistes attérés ». Intitulé « le français va très bien, merci » ce texte montre que contrairement aux propos alarmistes s’éternisant sur la maîtrise de la grammaire ou la présence de fautes, le français est une langue vivante, qui évolue, change en fonction des lieux et des générations, mais que ce n’est pas une langue qui s’appauvrit. Nous en conseillons vivement la lecture pour aller à l’encontre du discours décliniste que l’on entend trop souvent dans les mondes scolaires.

Ce dynamisme se retrouve dans d’autres champs culturels et scientifiques, comme en histoire, où le succès de l’« Histoire mondiale de la France » impulsée par Patrick Boucheron a montré que l’on peut construire une histoire universelle de la France sans s’appesantir sur un «  roman national » qui ne flatte que l’ego des plus réactionnaires.

Le français comme langue universelle et support d’une culture qui déborde les frontières de la francophonie, c’est aussi ce qu’a récemment illustré avec le succès que l’on sait, la cérémonie d’ouverture des JO d’été 2024 à Paris. Bien que peu relayé, ce sommet a eu pour effet de se dérouler dans un contexte culturel et économique favorable à l’expansion du français, en dépit des divisions de plus en plus fortes du monde aujourd’hui.

Pour aller plus loin :

Le site du sommet de la francophonie https://francophonie2024.gouv.fr/

Les Linguistes atterrés, Le français va très bien merci, Gallimard, tract, 2023.

Patrick Boucheron, dir., Histoire mondiale de la France, 2017.


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