Triste coïncidence de l’actualité, la sortie du dernier « Sciences Humaines » traitant de la santé mentale des jeunes a précédé de quelques jours l’évènement tragique de Nogent.
Ce numéro contient de nombreux articles, et le Centre Henri Aigueperse souhaite évoquer ici une des méthodes présentées dans la revue : la pair-aidance.
Venue du Canada, la pair-aidance est fondée sur l’expérience et les échanges réciproques entre deux personnes plutôt que sur l’expertise professionnelle. Déployée généralement dans des situations liées à un vécu difficile voire stigmatisant, la pair-aidance vise à développer un principe d’entraide : en appui sur son histoire personnelle, un tiers vient accompagner un pair en difficulté via le partage d’un vécu expérientiel.
Au niveau de l’Education nationale, cette méthode pourrait trouver, selon Eric Verdier cité dans l’article, un certain écho dans le cadre du plan pHARe, le plan de prévention du harcèlement et du cyberharcèlement entre élèves déclinés dans les écoles élémentaires et les collèges depuis la rentrée 2022, et dans les lycées à partir de la rentrée 2023.
Co-développeur de la notion de « bouc émissaire »[1], Eric Verdier voit dans la méthode de pair-aidance une piste à creuser pour favoriser un niveau de traitement des situations souvent peu investi : apprendre à écouter en se décentrant de soi pour mieux identifier et mieux entendre les difficultés rencontrées par ses camarades de classes ou d’établissement. Apprendre car cela ne s’impose pas ni ne se décrète au motif d’appartenance à une sphère commune ou à celui d’une expérience partagée.
Il ne s’agit pas de mettre en difficulté des jeunes en pleine phase de construction personnelle mais bien de chercher à favoriser l’entraide ; il ne s’agit pas d’individualiser encore plus des adultes en devenir mais bien de faire communauté pour répondre aux difficultés de chacun. La pair-aidance pourrait avoir toute sa place dans l’éventail des dispositifs de prévention et de traitement à l’éducation nationale pour le plan pHARe mais également dans toute sphère où les interactions individuelles gagneraient à plus d’écoute entre elles.
« Santé mentale des jeunes, l’état d’urgence. » Mensuel Sciences Humaines n°379 — Juin 2025
[1] Émilie Coutant, Éric Verdier Boucs émissaires H&0 Editions Avril 2016. Développée notamment dans les questions de discriminations et de harcèlement en milieu scolaire, cette notion est l’un des trois sommets identifiés du « triangle du harcèlement » et permet de mieux comprendre les dynamiques sous-jacentes aux relations inter-personnelles se jouant dans ces situations.
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