Paroles de campagne : réalités et imaginaires de la ruralité française

Parue en juin 2025, cette étude est issue du travail partenarial entre « Destin Commun », think tank expert de l’analyse de l’opinion, « Bouge ton Coq », association d’intérêt général pour la ruralité, « InSite », association soutenant des projets revitalisant les villages et « Rura », association luttant contre les fractures territoriales en ciblant les zones rurales et les petites villes.

Alliant données quantitatives et qualitatives, cette enquête cherche à répondre à une question centrale : « Qui sont les ruraux aujourd’hui ? ». En effet, les habitant∙es des campagnes, représentant pourtant 33% de la population française, sont mal connu∙es et leur portrait est souvent un cliché lié à un imaginaire de la ruralité qu’à une photographie reflétant les réalités multiples de celle-ci.

Le ressentiment rural : un prisme essentiel pour comprendre les campagnes

Vivre en ruralité c’est accepter des contraintes pour, normalement, gagner en qualité de vie. Or, lorsque les contraintes s’accumulent, voire deviennent discriminatoires, apparait « un sentiment diffus de relégation » dépassant « les parcours individuels » et touchant « aujourd’hui l’ensemble du monde rural ». C’est de « ce terreau commun que naît, progressivement, un ressentiment rural.

Véritable grille de lecture des campagnes, ce ressentiment est présent dans les dimensions politique, culturelle et économique et mène pour une partie des ruraux au repli identitaire. A se sentir incompris et trop éloignés des décideurs, certains franchissent alors le pas du vote pour l’extrême-droite qui est plus marqué dans les campagnes et les petites-moyennes villes (vote RN au dessus de 37%) que dans les grands centres urbains (24% de vote RN).  

Le cliché de l’identité rurale : un chasseur qui cache la diversité des profils

Malgré les mutations évidentes du monde rural, ce dernier pâtit encore d’une vision surannée de la part des élites. Monde agricole conservateur et figé défini par opposition au dynamisme indiscutable des centres urbains, en opposant schématiquement deux mondes le politique empêche leur cohabitation et « nourrit l’idée d’un fossé de valeurs, de priorités et de modes de vie ».

Or, la lecture des résultats de cette étude amène à plus de nuances et à une galerie de portraits bien plus divers que ne le laisserait entendre le cliché du paysan-chasseur-anti-écolo. L’enquête démontre aussi que la dualité « ville/campagne » n’est pas si évidente et que sur bien des plans les aspirations des habitant∙es se rejoignent, quelque soit leur environnement de vie.

La contrainte de la ruralité : une piste pour repenser nos modes de vie et de consommation

A l’heure de la crise climatique, vivre loin des services et des équipements pourrait s’apparenter à un échec, or l’enquête révèle qu’en devant composer avec les contraintes imposées, les ruraux développent des schémas plus vertueux écologiquement et socialement.

Loin de transposer des habitus de citadins, les ruraux, par l’art du compromis et de l’adaptation, sont des vecteurs d’évolutions en phase avec les problématiques actuelles : repenser une production locale pour développer des circuits de consommation moins dépendants, s’engager dans son territoire pour renforcer la gestion de proximité, investir dans le modèle rural devient une piste de développement pour « un avenir plus résilient, plus équilibré, plus humain ».

A travers cette enquête, est ainsi mise en lumière la réalité quotidienne d’un tiers des Français∙es, citoyennes et citoyens au même titre que leurs compatriotes « des villes ».  

 Pour poursuivre: https://www.destincommun.fr/analyses-et-debats/paroles-de-campagne-realites-et-imaginaires-de-la-ruralite-francaise/

Pour aller plus loin, lire l’étude de l’UNSA Éducation : « La place de l’éducation comme levier de développement rural » https://centrehenriaigueperse.com/2024/07/09/la-place-de-leducation-comme-levier-de-developpement-rural/