Il y a 20 ans, le 27 octobre 2005, deux adolescents de Clichy-sous-Bois, Zyed Benna et Bouna Traoré, trouvent la mort électrocutés dans un transformateur électrique où ils tentaient de se cacher pour fuir un contrôle de police. En réaction, pendant trois semaines, plusieurs villes de la banlieue parisienne, mais aussi dans le reste du pays ont connu trois semaines d’émeutes urbaines. Le gouvernement déclenche l’état d’urgence, de nombreux dégâts ont lieu, environ 3 000 personnes sont arrêtées et les forces de l’ordre ont plus de 200 blessés. L’opinion publique découvrait alors la crise des banlieues. 20 ans plus tard, on peut s’interroger sur la place des jeunesses des quartiers populaires dans la société française et sur les évolutions : que dit la recherche à ce sujet ?
Le monde de la recherche, dès avant les émeutes de 2005, a travaillé sur les grands ensembles et les jeunesses des quartiers populaires. Mais devant la violence de cette période et la situation de crise et d’exclusion que pouvaient ressentir une partie de la population des cités, de nombreux travaux jusqu’à aujourd’hui ont permis de mieux comprendre la situation. Davantage qu’une recension exhaustive, vous trouverez dans cet article quelques références particulièrement utiles concernant les jeunesses des quartiers populaires :
Sur la question des violences urbaines, Stéphane Beaud et Michel Pialoux ont publié un livre s’inscrivant dans leurs thématiques de recherches précédentes. Intitulé Violences urbaines, violence sociale. Genèse des nouvelles classes dangereuses, Hachette, 2013, il est une bonne synthèse sur le sujet. On pourra le compléter par une autre étude axée sur le rôle de la violence menée par Thomas Sauvadet, Le Capital guerrier. Concurrence et solidarité entre jeunes de cité, Armand Colin, 2006.
La nécessaire rénovation des quartiers urbains est évoquée par le sociologue Renaud Epstein dans La Rénovation urbaine. Démolition- reconstruction de l’Etat, Presses de Sciences Po, 2013.
La question centrale des discriminations a fait l’objet de plusieurs travaux, on peut en citer deux parmi les plus récents et les plus aboutis :
Julien Talpin, La Colère des quartiers populaires. Enquête socio-historique à Roubaix, PUF, 2024.
Julien Talpin, Hélène Balazard, Marion Carrel et alii, L’épreuve de la discrimination. Enquête dans les quartiers populaires, PUF, 2021.
Par ailleurs, la question des relations entre la police et la population des quartiers populaires, en particulier des plus jeunes, est abordée dans ces deux études fondamentales :
Didier Fassin, La Force de l’ordre. Une anthropologie de la police des quartiers, Seuil, 2011.
Sébastien Roché, La Nation inachevée. La jeunesse face à l’école et la police, Grasset, 2022.
Enfin, la question de l’engagement des jeunes des quartiers populaires a émergé suite à cette période d’émeutes, avec par exemple la naissance de nouveaux collectifs, comme ACELEFEU. L’INJEP a publié récemment un rapport complet à ce sujet : « L’engagement dans les quartiers populaires » en ligne https://injep.fr/publication/lengagement-dans-les-quartiers-populaires/
Pour terminer ce choix subjectif de conseils de lectures, on mentionnera l’étude passionnante de Fabien Truong et Gérôme Truc, Grands ensemble. Violence, solidarité et ressentiment dans les quartiers populaires, La Découverte, 2025, qui est le résultat d’une enquête sociologie passionnante au cœur de la ville de Grigny.
Enfin le sociologue Mickaël Chelal, auteur de Grandir dans la cité, la socialisation résidentielle des « jeunes de cité », éditions le Bord de l’eau, 2025, est intervenu sur France Culture pour expliquer son travail , à écouter en ligne
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